Histoire d’y voir est une boutique d’optique bordelaise qui propose des montures de créateurs, ainsi qu’une collection vintage balayant 100 ans de lunetterie, de 1880 à 1980. Pierre Duhard, son fondateur, a accepté de répondre à nos questions.
Je n’ai pas vu les années passer, je suis fier de m’être fait une place sur le marché bordelais, accompagné par une équipe dynamique et par une clientèle fidèle et pluri-générationnelle.
Le magasin a évolué avec l’équipe et le marché. On a eu un premier concept durant cinq ou six ans. Les premiers travaux avaient été faits avec une décoratrice, mais je ne m’étais jamais senti très à l’aise dans le magasin.
J’ai voulu mettre ma patte, et on a refait toute la boutique dans une thématique qui me correspondait. Le déclencheur a été lorsque le Museum d’Histoire Naturelle du Jardin public a vendu tout son mobilier : j’ai récupéré de belles vitrines du XVIIIè et du XIXè siècles. J’aime beaucoup chiner et on trouve à Bordeaux de très beaux objets qui ont trouvé une nouvelle vie dans ma boutique.
De plus nous avons ouvert, il y a un peu plus d’un an, un magasin spécialisé dans les lunettes pour enfants et pour les visages fins : Histoire d’y Voir Junior.
J’ai toujours été attiré par l’objet lunettes : mon premier salaire, à 16 ans, a servi à me payer une paire de Persol. En devenant opticien, j’ai pu rapprocher ma passion pour la brocante de celle pour la lunetterie et chiner des montures à retaper.
J’ai pu développer au fil des ans un réseau de fournisseurs : passionnés, fonds d’usine, collectionneurs, d’abord en France dans le Jura, puis dans le monde entier.
Je cherche exclusivement des stocks neufs d’époque jamais portés. Ce n’est pas une offre répandue chez les opticiens en France, encore moins à Bordeaux.
De fil en aiguille, j’ai été contacté par d’autres collectionneurs pour des modèles de plus en plus rares. Récemment, j’ai rencontré un Portugais, passionné par la Seconde Guerre mondiale, qui se débarrassait d’une partie de ses stocks. On a eu beaucoup de succès au salon du vintage parce qu’on proposait des montures rares, quasiment jamais vues dans le commerce.
C’est un complément aux marques qui trouve écho chez la clientèle. En ces temps de crise économique, les gens vont vers des objets avec une histoire et une qualité de fabrication : les montures d’époque étaient conçues pour durer.
On vient de faire rentrer L.G.R, qui véhicule un esprit dans lequel on se retrouve.
Avec TAVAT, on est en plein dans le néo-rétro. On distribue surtout la gamme Soupcan, parce qu’elle ne ressemble à aucune autre. Dans les salons, on voit souvent des choses identiques d’une marque à l’autre… mais pas chez TAVAT, qui de plus, fabrique artisanalement en Italie.
Je suis aussi passionné de moto et d’aviation ; j’adore l’imagerie de la Seconde Guerre mondiale. Dans la dernière collection solaire TAVAT, les branches sont adaptées aux porteurs de casque, qu’ils soient aviateurs ou motards. J’ai une grosse clientèle de bikers, qui aiment ce look et la technicité associée.
Concernant les Soupcan, qui nécessitent plus de 70 étapes de fabrication, j’apprécie surtout les montures combinées acétate/acier, avec une technique d’insertion d’acétate propre à la marque. La visserie des tenons et le système d’accroche des plaquettes renforcent l’effet rétro de cette collection. Parler à nos clients de la qualité unique des verres mélaninés TAVAT est un plus puisqu’ils opèrent comme un bouclier contre les UV et filtrent jusqu’à 97 % de la lumière bleue.
La seule griffe qu’on ait gardée, c’est Persol. Il y a encore une fabrication semi-artisanale en Italie, et des modèles iconiques portés par Steeve McQueen ou Marcello Mastroianni.
Très. À l’heure du made in China, le fait-main reprend de la valeur. Le lunetier traditionnel doit prendre ce contrepied de production comme un renouveau de la profession. C’est pour parfaire notre savoir-faire en la matière qu’on a suivi plusieurs formations à Morez, chez les Meilleurs Ouvriers de France Lunetiers.
On a ensuite monté notre atelier de fabrication pour proposer des montures uniques 100% bordelaises et un service de lunettes sur mesure.
J’adore la dernière TAVAT : Blinker. C’est une belle vente en magasin. Une collaboration est d’ailleurs prévue : nous allons sortir une série limitée d’une trentaine de Blinker, dans une couleur encore inexistante. J’aime aussi beaucoup la Lemtosh de Moscot, qui chausse tous les visages.
Histoire d’y voir
6 Rue du Pas Saint-Georges
33000 Bordeaux
Tél : 05 56 44 59 71
histoire-dy–voir.com