Arteo, des opticiens solidaires au coin de leur rue
Dans ma rue, il y a un opticien nommé Arteo… Et dans la rue, des gens dorment tous les soirs. Pour eux, ces professionnels de l’optique ont décidé de réaliser des équipements optiques et de remettre à neuf des lunettes gratuitement. Olivier Jakobowicz, fondateur d’Arteo, nous parle de son savoir-faire et comment, un jour, il a choisi d’en faire profiter les plus démunis.
COMMENT A COMMENCÉ CETTE AVENTURE ?
Après avoir été bénévole pendant 15 ans dans les hôpitaux parisiens, j’ai été fortement touché par les attentats en 2015, ma boutique étant située à deux pas du Bataclan. Cet évènement m’a fait voir la vie différemment et a changé ma vision du métier.
© Olivier Jakobowikz
VOUS AVEZ ALORS CHOISI D’Y AJOUTER UNE DIMENSION SOLIDAIRE…
En effet, j’avais cette envie, et Charly, un ami poissonnier de la rue Oberkampf, m’a parlé d’une association de commerçants qu’il parrainait qui s’appelait La Cloche. J’ai rencontré le fondateur du mouvement, Louis-Xavier Leca. Celui-ci venait de mettre en place Le Carillon, un réseau de commerçants solidaires offrant de petits services pour ceux qui n’ont rien : une douche, un café, une prise pour charger son téléphone… À ce panel de 12 propositions, j’ai ajouté une offre inédite : en septembre 2016, j’ai eu l’idée de fournir des lunettes aux plus démunis.
COMMENT ATTEIGNEZ-VOUS CE BEL OBJECTIF ?
Les problèmes de santé visuelle constituent un réel besoin, car une mauvaise vue peut représenter un frein à la réinsertion des personnes de la rue.
Notre équipe les accueille sans jugement, analyse leur situation et crée une solution de toutes pièces.
Afin de pouvoir donner des lunettes de qualité, nous récupérons les invendus de notre boutique et de celles de nos collègues, et les montures en bon état de nos clients.
Nous sommes épaulés par deux verriers, dont Rodenstock.
ÊTES-VOUS SOUTENUS PAR D’AUTRES MARQUES ?
© Tavat
Convaincre les partenaires, tout comme éduquer à un mode de consommation différent est un travail permanent.
Certaines marques de lunettes comme Blackfin , Anne & Valentin, Tavat, ou encore Yellows Plus sont déjà aux côtés d’Arteo dans cette aventure…
© Yellow Plus
EN PLUS DE LA RÉCUPÉRATION, VOUS CONCEVEZ ÉGALEMENT DES ÉQUIPEMENTS OPTIQUES SUR MESURE ?
Oui ! Après une analyse optométrique sur le futur porteur, je commande les verres et réalise les lunettes adéquates : je fais tout de A à Z. C’est complètement altruiste, car offrir des lunettes sur mesure, c’est bien plus qu’un repas ! Mais j’aime fabriquer de beaux objets, et je suis perfectionniste : réaliser des lunettes les plus magnifiques possible, quelle que soit l’identité du lunetté, c’est mon objectif… J’ai fabriqué 70 à 75 montures depuis 3 ans ! L’important c’est de montrer l’exemple, être pionnier et d’autres prendront la suite.
D’AUTRES OPTICIENS DANS TOUTE LA FRANCE
PROPOSENT DÉSORMAIS CE SERVICE ?
La Cloche s’est développée à Nantes et Bordeaux notamment, mais Arteo a besoin de recruter des opticiens à Lyon et à Marseille par exemple. Bientôt, cette prestation arrivera dans 40 nouvelles villes ! Mais il faut respecter une certaine éthique, comme dans tout système basé sur la générosité, et surtout ne pas détourner cette solidarité dans un but commercial. Nous fonctionnons uniquement sur nos propres fonds, avec aucune subvention. Actuellement, nous manquons plus de bienveillance que de lunettes, mais on avance ! Surtout, nous croyons en une société fondée sur l’homme et non sur l’argent, et ça nous donne de l’espoir…
