Interview de Benoît Ludon

Diplômé du Bachelor de Lunetier Créateur (BLC) à l’ISO Paris en 2015, Benoît Ludon a le goût de l’aventure. Actuellement sur l’île de la Réunion, il perfectionne ses connaissances en apprenant à travailler l’écaille de tortue et la nacre. C’est de l’autre bout du monde qu’il a accepté de revenir pour nous sur son parcours et sa vision de la lunetterie de luxe.

Benoît Ludon

Lunettes et bijoux en écaille de tortue

L’intervenante qui m’a plus marqué est Joëlle Saint-Sever : sa bienveillance dans son enseignement rendait ses cours, sur la relation client en boutique de luxe, captivants. Elle était l’une des premières enseignantes du Bachelor de Lunetier Créateur. C’est sa carrière qui m’a le plus inspiré, après 19 années passées dans la maison Chanel, elle a été professeure à l’Institut National de Gemmologie avant d’enseigner à l’ISO. Pour conclure l’année du BLC, Joëlle Saint-Sever nous a emmenés là où tout a commencé pour elle, au siège de Chanel, et nous a raconté son parcours avec émotion. De quoi laisser rêveurs de jeunes créateurs en devenir.

Jawbones d’Emma Montague

Ici j’ai pu apprendre à travailler l’écaille de tortue, mais aussi la nacre et le rostre d’espadon. J’ai vu toutes sortes de matières rares et exotiques. L’artisan qui m’a formé était laqueur et écailliste de profession. Lors de mon stage chez l’opticien haut de gamme EB Meyrowitz, j’ai été pris de passion en voyant de la véritable écaille: elle est réputée pour être la plus noble des matières pour les lunetiers, et je m’en devais d’en savoir plus. Quant à la nacre, ma mère en portait en bijoux, et cela m’a donné envie d’en apprendre davantage.

Coupe intérieure rostres d’espadon

Rostres d’espadon

J’espère pouvoir ouvrir mon atelier de lunetterie dans les années à venir. J’envisage la clientèle du luxe au sens large, mondial. Les lunettes ont l’avantage d’être présentes dans toutes les cultures, et chacune possède ses propres fantasmes en ce qui concerne la matière. Pour satisfaire la clientèle de luxe, la vraie question n’est plus le prix mais : est-on capable de fabriquer cet objet ? 

Se généraliser non, ce n’est pas à la portée de tous les opticiens, mais à se diffuser oui. On verra davantage d’opticiens proposer du sur mesure en France : le métier de lunetier est une opportunité pour eux. Le plus intéressant va être d’observer la diffusion de ce savoir-faire en lunetterie, dans les autres pays que la France, où cette pratique est encore rare.

De nombreuses marques apparaissent chaque année, ça va presque trop vite pour toutes les connaître. Je pense à a-morir : la créatrice de luxe, Kerin Rose, travaille seule et propose des lunettes uniques fait main aux Etats-Unis que les stars s’arrachent. Ses montures sont extravagantes : c’est mon exemple de lunetière accomplie.
J’aime aussi particulièrement la marque Lucas de Staël. Les lunettes sont belles et de qualité. Cette marque a pour moi tous les points forts pour durer dans le temps, et devenir une référence du luxe en lunetterie française. Lucas de Staël a ce souci des belles matières, et rassemble des artisanats variés dans ses ateliers. J’ai hâte de voir cette marque évoluer.
Mais si je devais citer mon coup de cœur du moment, cela serait la collection Jawbones d’Emma Montague.

Lunettes a-morir de la créatrice Kerin Rose

Lunettes tatouées par Lucas de Staël et Easy Sacha