Les lunettes sur mesure à l’esprit pop par Marion Allard
Marion Allard, opticienne et créatrice dans sa boutique Rouge Poppy en Vendée, nous raconte ses débuts dans l’aventure du sur-mesure. Portrait d’une lunetière à l’esprit libre qui sort des sentiers battus.
© Rouge Poppy
VOUS PROPOSEZ DU SUR-MESURE À VOS CLIENTS. DEPUIS QUAND OFFREZ-VOUS CE SERVICE ?
Depuis peu de temps, mais à force cela se sait, le bouche-à-oreille commence à fonctionner. Il s’agit d’une prestation en plus, mais qui représente seulement une petite partie des commandes.
RÉALISER DES MODÈLES SUR MESURE EST UN VRAI SAVOIR-FAIRE ARTISANAL. AVEZ-VOUS EU BESOIN D’ACQUÉRIR DES CONNAISSANCES SPÉCIFIQUES ?
Effectivement, je me suis formée auprès d’Anne-Lise Bertrand (lauréate du concours Delabre) il y a environ un an.
Petit à petit, j’ai pu effectuer mes premiers pas en tant que créatrice ! Je me suis d’abord exercée sur des bijoux et des accessoires, puis j’ai créé mes premiers modèles pour mon mari, et un ami qui voulait absolument être parmi les premiers à porter mes œuvres. Ce sont les seules montures pour hommes que j’ai fabriquées, dans ma boutique ma clientèle reste essentiellement féminine.
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VOUS FAITES MAINTENANT PARTIE DU CERCLE DES LUNETIERS CRÉATEURS. QUE RECHERCHENT LES PERSONNES QUI SOUHAITENT SE TOURNER VERS LE SUR-MESURE ?
Je me suis rendu compte que les clients avaient besoin d’un style inédit. Ils veulent un produit unique, pas standardisé : des couleurs et des formes qu’ils ne vont pas retrouver ailleurs.
CELA AMÈNE DES DEMANDES PARTICULIÈREMENT ORIGINALES ?
Parfois… Récemment, une cliente souhaitait des motifs rock’n’roll, comme des pois ou des cerises. Je ne trouvais rien qui corresponde, nous avons alors utilisé un vêtement qu’elle ne portait plus afin d’inclure le tissu dans la monture. De la même manière, certaines jeunes femmes ont envie d’intégrer un morceau de leur robe de mariée dans leurs lunettes !
CET OBJET DEVIENT DONC VRAIMENT PRÉCIEUX, D’UNE GRANDE VALEUR SENTIMENTALE ! COMMENT SE DÉROULE ENSUITE LA CRÉATION ?
La première étape consiste à prendre les mesures de la personne, et à la photographier de face et de profil. Puis elle essaie différents types de montures et nous choisissons la forme et la couleur. Je fais le dessin par informatique, mais je ne propose pas de prototypage pour l’instant. Par contre, je dispose d’un miroir virtuel, qui permet aux clientes de visualiser l’effet sur leur visage avant leur conception.
Nous nous mettons d’accord sur les différentes options (nuances, etc.) : je n’hésite pas à leur dire non si je pense que ça ne leur va pas. Pour finir, le délai pour fabriquer et peaufiner leurs lunettes est d’environ un mois, car je gère seule la boutique et l’atelier. Elles n’ont plus alors qu’à effectuer un dernier essayage, pour retoucher la position et les ajuster à leur nez, on monte les verres et c’est parti !
L’HEUREUX PORTEUR REPART AVEC SA NOUVELLE MONTURE. AU FAIT, PROPOSEZ-VOUS AUSSI LE SUR-MESURE AUX ENFANTS ?
Pas tout à fait, il s’agit en fait d’une personnalisation. Je travaille avec l’entreprise Nextone, une marque française. Le concept Toikidi laisse aux plus jeunes la liberté de choisir la matière première, et nous disposons également d’une palette de 60 nuances et de 16 formes en magasin, ce qui permet une infinité de combinaisons. Nous adaptons la dimension de la face et la longueur des branches à la taille de leurs visages. Enfin, nous proposons de graver le prénom et le numéro de téléphone des parents sur le côté : bien pratique pour retrouver ses lunettes en cas de perte ! L’enfant a SA monture et cela lui plaît.
PARLONS MAINTENANT DE VOTRE MAGASIN. EST-IL CONÇU SPÉCIALEMENT POUR LE SUR-MESURE ?
Non, nous n’avons pas installé de nouveaux aménagements, car mon atelier était déjà ouvert : je l’ai simplement agrandi. Les clients peuvent ainsi me voir travailler. Les hommes surtout, sont curieux, ils posent beaucoup de questions sur les outils et la fabrication manuelle.
SONT-ILS CURIEUX ÉGALEMENT DE SAVOIR COMMENT VOUS AVEZ CHOISI SON NOM ?
Oui, comme vous, j’imagine ! Je voulais un symbole chaleureux, et aussi pouvoir déménager sans changer l’appellation de la boutique. J’ai donc associé ma couleur préférée, le rouge, à ma fleur favorite, le coquelicot (poppy en anglais) !
VOTRE ENSEIGNE AUJOURD’HUI VOUS RESSEMBLE, ET VOUS PERMET D’EXERCER VOTRE MÉTIER DE FAÇON INDÉPENDANTE. CELA VOUS TIENT PARTICULIÈREMENT À CŒUR ?
Je suis engagée en ce sens, en effet. Depuis que je suis opticienne indépendante, je ne dépends plus d’une licence. Ainsi, personne ne m’impose une offre, un fournisseur, ou une collection… Qui ne conviendrait ni à moi ni à ma clientèle. Pour moi, cela représente une grande liberté.
© Rouge Poppy
